La photographie de packshot d'une bouteille de vin de l'I-Phone SE-2 à la Sinar P2 4/5
- Arnaud JOLY
- 1 avr.
- 5 min de lecture
Utiliser un i-Phone ou encore une chambre Sinar en photographie de studio c'est possible ce n'est pas une blague
La photo de packshot (Image de produit réalisée sur fond blanc destinée à ëtre détourée) n'est en rien une nouveauté. Elle était très demandée à la fin du millénaire dernier pour illustrer les prospectus publicitaires distribués dans les boites aux lettres. Certains photographes en avaient fait leur activité principale et se qualifiaient eux-mêmes de : "Photographe de boites aux lettres".
L'activité packshot, fournissait un volume régulier de produits à photographier et garantissait des revenus mensuels stables avec un minimum de savoir faire. A cette époque quelques journées de prise de vue packshot par mois permettaient aux photographes de garantir le paiement des charges de fonctionnement de leur studio.
Comme il s'agit avant tout d'une prise de vue technique rarement artistique il y a avait des barêmes établis en fonction du support. Le moins cher étant les packshot réalisés en 24/26, suivis de ceux réalisés au moyen format, et enfin les plus qualitatifs mais aussi les plus chers, ceux réalisés à la chambre. Le prix se justifiait de par le coup des frais techniques, du coût du materiel mis en oeuvre et bien entendu du savoir faire du photographe.
De nos jours la photographie de packshot a changé. Beaucoup de clients potentiels peuvent les réaliser par leurs propres moyens, grâce à des mini studio portatifs dédiés au packshot composés d'une tente à lumière et de LED panel. La lumière est standardisée pour une meilleur gestion des brillances et des reflets. Shooter en interne permet à l'entreprise de mettre en ligne directement ses produits sans avoir besoin de faire appel aux services d'un photographe. Il en résulte un gain de temps, et bien entendu des économies non négligeables. Il n'est pas rare de voir ces mini studio équipés de smartphone en guise d'appareil photographique.
Un jour à Paris, lors de la remise d'un trophé d'un prestigieux concours photo, le grand gagnant exprimait briévement son parcours au micro devant les nombreux invités conviés à cette soirée de gala : "Merci, merci...Alors j'ai commencé la photo avec l'I-phone, puis après je me suis mis à la chambre technique, car je voulais faire des photos floues, et c'est comme ça que j'ai trouvé mon style et gagner le concours. Merci encore au jury d'avoir révelé mon talent" S'exprima Jils, dans un francais quasi parfait. Ce jeune photographe australien il y a à peine un an ignorait qu'on pouvait faire de l'art avec de la photo.
Cette anecdote m'a inspiré le thème de ce post du 1er avril. J'ai décidé de présenter ces deux appareils de prise de vue diamétralement opposés sur une séance photo packshot. A savoir l'iphone SE 2 et la Sinar P2. Blague ou réalité...à vous de juger.
La photographie de studio : Packshot à l'I-Phone et à la Sinar 4/5 en passant par le 24/36
Pour cette prise de vue pédagogique illustrant un cas de T.P. de packshot, mon choix s'est porté sur un sujet complexe de part ses brillances et ses reflets mais aussi sa transparence. J'ai donc choisi une bouteille de vin blanc. La subtilité de ce packshot c'est de donner du volume à la bouteille en déjouant le piége des reflets tout en gardant une parfaite lisibilité de l'étiquette. Pour l'éclairage j'ai cassé les codes en choisisant une seule source lumineuse, à savoir, le Profoto A2, un des rares flash de studio compatible avec les I-Phones. J'y ai adjoint un modeleur Soft tube, afin de dessiner une brillance fine et marquée sur le verre de la bouteille pour lui donner du volume.
I-Phone SE2 : Smartphone mono-objectif
Contrairement à l'I-Phone 16 pro qui est destiné aux influenceurs, l'Iphone SE-2 n'est sans doute pas le meilleur de sa catégorie pour donner un résultat photographique objectif. Justement il n'est doté que d'un seul objectif : un grand angle qui déforme vraiment quand on s'approche trop. On peut d'ailleurs voir le reflet de l'I-Phone dans la bouteille. Il faut vraiment cadrer à niveau sans plonger ni contre-plonger pour limiter les déformations dues à l'accentuation de la perspective. La gestion de la puissance du flash via l'application Profoto Camera permet d'obtenir un résultat assez homogène avec les prises de vue comparatives. Même si le capteur est petit, la montée de grain dans les iso réglés à 400 commence à ëtre présente. Je dois avouer que je m'attendais au pire.
24/36 et 50 mm avec une légère vue plongeante
Petit cassage de code volontaire : Pour de la prise de vue studio d'objet on privilégie un petit téléobjectif macro comme le mythique 105mm Micro Nikkor. Un objectif de cette focale permet de tasser les perspectives et donc d'éviter des déformations trop prononcées sur de la prise de vue d'objet. C'est pour cela que les packshot de bouteilles de vin sont photographiées à niveau et on ne voit pas le dessus du bouchon. Forcément un APN 24/36 fournit une meilleure définition à 400 iso sur l' I-Phone SE et la qualité optique de ce 50 mm permet une meilleure définition de l'étiquette.
Chambre Sinar utilisée en numérique avec un dos 4,5/6
L'intérêt de la prise de vue à la chambre c'est de pouvoir utiliser les bascules afin de corriger la perspective lors d'une prise de vue légèrement plongeante. Ci-dessous on voit le dessus du bouchon de la bouteille tout en conservant des lignes parfaitement droites comme c'est le cas au niveau de l'étiquette. Présenter le dessus du bouchon donne plus de volume à l'image qu'une vue à niveau. Le capteur numérique de grande taille rend le phénoméne de bascule beaucoup plus subtil qu'avec un capteur 24/36.
La dimension artistique du pack shot à la chambre en utilisation argentique
De nos jours, réaliser des photos de packshot en argentique présente assez peu d'intérêt compte tenu du coût du consommable et du temps de développement et de numérisation. En revanche une approche artistique pour dynamiser un catalogue et donner une identité visuelle à une collection, ça vaut le coup. Recourir à l'argentique est judicieux. Ci-dessous il s'agit d'une image argentique réalisée à la chambre. J'ai utilisé la technique du traitement croisé afin d'obtenir des couleurs atypiques..
Contrairement aux prises de vue précédentes, j'ai ajouté une deuxiéme source coté droit pour obtenir deux reflets et intensifier les contours de la bouteille. Cette fois ci j'ai utilisé les atouts de la chambre afin d'avoir uniquement l'étiquette centrale de la bouteille qui soit nette pour valoriser le nom et le logo du producteur viticole.
Je n'ai pas attendu les révélations de Jils pour maitriser l'art du flou et le contrôle de la netteté en photographie à la chambre. D'ailleurs la chambre est assez peu utilisée de nos jours, les photographes digitaux préfèrent créer du flou et corriger les perspectives en post prod.
Le choix du format de prise de vue du packshot dépendra avant tout de son utilisation
Pour une petite structure qui gère elle même son site de vente en ligne, un I-Phone avec un lot de complément optique devrait faire l'affaire.
Un photographe professionnel qui propose des pack shot avec un APN sera tout à fait crédible, la qualité sera supérieure à celle de l'I-Phone.
Un client qui optera pour un photographe travaillant à la chambre pour réaliser des packshot haut de gamme sera prêt à y mettre le prix pour se différencier de la concurrence.
En conclusion, il n'y a pas de mauvais choix, il faut juste qu'il soit adapté à votre besoin. Comme le disait Jils : "Il faut trouver son style"
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